Comme un écrivain qui pense que "toute audace véritable vient de l'intérieur", Leïla Slimani n'aime pas sortir de chez elle, et préfère la solitude à la distraction.
Pourquoi alors accepter cette proposition d'une nuit blanche à la pointe de la Douane, à Venise, dans les collections d'art de la Fondation Pinault, qui ne lui parlent guère ?
Autour de cette "impossibilité" d'un livre, avec un art subtil de digresser dans la nuit vénitienne, Leila Slimani nous parle d'elle, de l'enfermement, du mouvement, du voyage, de l'intimité, de l'identité, de l'entre-deux, entre Orient et Occident, où elle navigue et chaloupe, comme Venise à la pointe de la Douane, comme la cité sur pilotis vouée à la destruction et à la beauté, s'enrichissant et empruntant, silencieuse et raconteuse à la fois.
C'est une confession discrète, où l'auteure parle de son père jadis emprisonné, mais c'est une confession pudique, qui n'appuie jamais, légère, grave, toujours à sa juste place : "Ecrire, c'est jouer avec le silence, c'est dire, de manière détournée, des secrets indicibles dans la vie réelle".
Avis :
Le parfum des fleurs la nuit est un récit autobiographique de 128 pages aux éditions Stock. Leïla Slimani nous plonge dans son monde intérieur fascinant. Parfois lucide, parfois envahie de doute et de contradiction, elle raconte avec discernement, sincérité et clarté son envie de solitude et d’enfermement, en lien avec son enfance.
Elle est vraie, naturelle et spontanée. Intrépide, elle décrit avec sagesse ses forces et ses faiblesses, le regard tendre qu’elle porte sur elle-même la rend étonnante. Elle ne cache pas son désintérêt pour l’Art contemporain qu’elle va malgré tout apprivoiser : « Le musée reste pour moi une émanation de la culture occidentale, un espace élitiste dont je n’ai toujours pas les codes ». En revanche elle vit pour l’écriture, priorité obsédante.
Retrouvez Leïla Slimani dans le podcast de France Culture
Réservez-le, ainsi que ses autres romans :